Chanter
par Stéfany Bondu
Parfois, malgré les grandes et bonnes intentions que l’on peut avoir, et le sentiment profond que nous contrôlons tout, on se fait prendre en chemin. Un virage inattendu se manifeste. On réalise que ce n’est pas nous qui décidions de tout et qu’on est totalement impuissant !
Dans les dernières semaines, mon corps a cessé de bien fonctionner, prisonnière à l’intérieur de mon enveloppe remplis d’anxiété, d’impulsivité et d’autodestruction. Une fois physiquement écroulé, mon mental et mes émotions ont aussi déraillés.
J’avais perdu la maitrise de ma vie. Mes enfants et les études m’ont encouragé à rester debout, mais bien évidemment, j’ai dû reconnaitre que j’avais besoin d’aide.
Pendant que j’étais dans ce tourbillon incontrôlable, une opportunité s’est présenté à moi et alors que je n’ai jamais cru en cette capacité, elle m’a donné la force de persévérer et de croire en moi. Chanter ! Oui chanter ! On m’a demandé de participer à un petit évènement qui impliquait du temps à consacrer pour quelques pratiques. Alors que tout mon être ne se sentait pas capable, j’y suis allé une journée à la fois.
Cinq soirs à consacrer du temps à chanter avant cette soirée. Le calme s’installait durant ces répètes, le souffle me revenait. Mon corps me foutait la paix ! Le temps de chaque petite pratique, je vivais l’espoir en moi. Et le soir venu de l’évènement, ma souffrance n’était pas au rendez-vous.
On m’a si souvent poussé à vivre de la musique et de croire en mon talent. On me disait d’utiliser ma voix comme moyen libérateur, mais le manque de confiance en moi me bloquait. Ce n’est pas la première fois que je me retrouve dans ma noirceur, mais aujourd’hui, ici et maintenant, je peux témoigner que ma voix me portait hors de ma détresse.
Ma voix et n’importe quel de vos talents, de vos dons pourront en témoigner.
J’ai osé croire qu’une certaine force pouvait faire pour moi ce que je ne pouvais pas faire pour moi-même.
30 ans…
par Francis Boisvert-Daigneault
Il faisait un temps magnifique à l’extérieur. Mike Boisvert et Tommy Daigneault reluquaient les filles à leurs premières journées de la rentrée. Elles étaient aussi belles les unes que les autres.
Soudain, une jeune fille attira l’attention des deux écoliers. Une splendide blonde aux yeux bruns déambulait lentement devant eux, comme si elle voulait se faire désirer. Mike regarda Tom et lui dit :
- Hey ! Tom, celle-là, elle est à moi.
- Il n’y a aucune réservation, voyons celui qu’elle préfèrera.
Mike accepta le défi sans hésiter.
Le lendemain, Tom, le sourire fendu aux lèvres, rentra à l’intérieur de l’école en scrutant les alentours à la recherche de Mike. Il était fier d’aller lui raconter comment il avait texté toute la nuit avec Bethy, la ravissante blonde. Lorsqu’il tourna le coin d’un des corridors, il vit son ami en train de l’embrasser. Quel salaud ! pensa Tommy. Il n’était pas jaloux, mais cette fois-ci, la colère l’emporta. Il sauta sur son ami pour lui régler son compte. Mike reçut un coup de poing qu’il n’avait jamais vu venir et tomba comme une feuille de papier. Résultat, les deux furent renvoyés de l’école.
Le lendemain, l’adolescent, qui était en train de nettoyer le grenier, était encore sous le choc. Jamais il n’aurait pensé se disputer avec son meilleur ami pour une fille. Il ne savait pas s’il voulait encore sortir avec Beth, car il ressentait un étrange sentiment envers elle. Il l’aimait à la folie (DÉJÀ) et en même temps, il en avait peur. Mais qu’est-ce qui clochait avec cette femme ? Il tomba sur un vieil album des finissants qui datait de 30 ans. C’était celui de sa mère. Par curiosité, le jeune homme décida de le regarder. Il trouvait que les modes de cette époque étaient assez ridicules. Son sourire moqueur s’effaça à la découverte d’une des pages. Bethy était là, 30 ans plus tôt. Elle était habillée et maquillée selon la mode de ce temps. L’écolier pensa que peut-être c’était la mère de la magnifique femme et qu’elle lui avait donné le même nom, mais le doute persista.
De retour à l’école, le jeune Mike voulut montrer l’album à Tom même s’il s’était bagarré, car il trouvait que leur amitié était plus forte qu’une fille. Il manquait plusieurs personnes à l’appel, principalement des garçons, dont son ami. Il décida de l’appeler chez lui, mais n’obtient aucune réponse. Peut-être était-il encore fâché ? pensa l’étudiant.
À la fin de la journée, le jeune Boisvert décida d’aller jeter un coup d’œil chez son ami. L’arrivée fut brutale. Il y avait une voiture de police et une ambulance. Les parents du jeune jaloux étaient à l’extérieure en pleurs. Il attendit un policier parler à un de ses collègues.
- Un autre suicide, le trentième aujourd’hui, la dernière fois qu’un évènement semblable s’était produit, c’était il y a 30 ans. Quelle coïncidence !
Le visage de Mike blêmit rapidement, il courut vers sa maison les larmes aux yeux.
Arrivé à sa demeure, il découvrit une lettre qui lui était destinée. C’était de Tommy. Il l’ouvrit. Un mélange d’insultes et de jalousies étaient gravés sur cette lettre. Il aimait tellement Beth qu’il s’était suicidé. Ce geste ne lui ressemblait aucunement. L’homme en deuil la jeta dans un feu qu’il venait d’allumer, mais même si les flammes avalèrent le papier, la lettre ne brula pas.
30 ans plus tard, Mike était devenu un adulte responsable en charge de deux magnifiques enfants. Il n’avait jamais revu Beth après la tragédie qui était arrivée à son meilleur ami et c’était peut-être mieux ainsi. L’école recommençait aujourd’hui et le père dévoué accompagna ses enfants jusqu’à l’arrêt de bus.
- Bonne journée les jeunes !
- Bonne journée, papa.
En s’éloignant de l’école, le père de famille remarqua qu’une magnifique jeune blonde le dévisageait avec un grand sourire aux lèvres.